Pr Patrick Baqué
Doyen de la Faculté de médecine de l’Université Nice Sophia Antipolis
« Pour guérir un malade, soulager des douleurs, tous les moyens sont bons pourvu qu’ils réussissent » *
L’allopathie et la chirurgie sont les techniques de traitement reconnues par les communautés médicale et scientifique car elles ont une efficacité démontrée pour lutter efficacement contre la plupart des processus pathologiques.
Elles reposent sur ce que les anglo-saxons appellent l’ « Evidence Based Medecine », « la médecine basée sur les preuves », enseignée dans les facultés et dont l’efficacité a permis une augmentation spectaculaire de l’espérance de vie humaine.
Ces traitements ne doivent pas pour autant faire oublier que d’autres méthodes thérapeutiques existent, non basées sur les bio-technologies, la chirurgie ou la pharmaceutique classiques et que l’on peut qualifier de « non conventionnelles ». Elles s’étendant de l’ostéopathie à l’aromathérapie-phytothérapie, de l’homéopathie à la sophrologie ou de la méditation de pleine conscience à la médecine chinoise pour ne citer que quelques-unes d’entre elles.
Ces méthodes, pour la plupart non actuellement reconnues par l’Université, sont utilisées plus ou moins secrètement par des patients de plus en plus nombreux et qui leurs attribuent souvent un soulagement symptomatique.
Partant de ce dernier constat, elles ne peuvent pas être ignorées plus longtemps par l’Université qui se doit d’exercer sur elles un regard curieux afin d’une part, d’en évaluer l’utilité potentielle et d’autre part, de lutter contre toute forme de charlatanisme.
Ce dernier est en effet inhérent aux pratiques dont l’efficacité est décrite par une affirmation dogmatique plutôt que par une évaluation méthodique.
Nous avons donc créé à la faculté de Médecine de Nice cet « Observatoire » des médecines non conventionnelles avec pour objectif de favoriser, sans préjugé, l’étude de ce type de soins et de recenser les analyses déjà existantes sur le sujet dans la littérature scientifique.
Utiliser ces soins lorsqu’ils se révèlent efficaces permettra de les utiliser en connaissance de cause, afin de proposer au patient une prise en charge plus globale ou “intégrative” de ses problèmes de santé.
Pr Patrick Baqué
Doyen de la Faculté de médecine de l’Université Nice Sophia Antipolis
* Cette célèbre phrase d’Alexis Carrel, prix Nobel de Médecine en 1912 et auteur des premiers rapports scientifiques sur les « miracles », résume à elle seule ce que tout médecin doit avoir en permanence à l‘esprit : distinguer, avec prudence et modestie, ce qui peut être considéré comme relevant du « soin », qui a pour objectif de soulager, et du « traitement » qui a pour but de guérir.