Hypnos, dieu du sommeil dans la mythologie grecque, doit se retourner dans saHYPNOSE-1 tombe…
Car, malgré la dénomination « hypnose » donnée par nos savants au XIX è siècle, ce phénomène n’a rien à voir avoir le sommeil…

Depuis l’utilisation de l’IRM fonctionnelle dans les années 90, les neuroscientifiques ne nient plus l’existence de l’état hypnotique, cet état particulier de conscience, tout en peinant à le définir. Mais il en est de même pour… la conscience.
L’état hypnotique provoque une modification de nos perceptions et influence notre activité cérébrale comme en attestent de nombreux travaux scientifiques récents ( Drs Faymonville, Vuilleumier, Dehaenne…)

La nouvelle conception du cerveau est avant tout celle d’un connectome où de longs neurones mettent en communication les différentes aires cérébrales.HYPNOSE-2
Lorsqu’on se remémore un souvenir agréable à l’état de conscience, on active surtout les lobes temporaux droit et gauche ; mais lorsqu’on effectue le même exercice sous hypnose, plusieurs zones s’activent en réseau et sous activent d’autres régions donnant l’impression de revivre ce souvenir. Mais ce souvenir reste bien une construction de notre cerveau à partir d’éléments imaginaires ou vécus.

Pour placer un sujet en état d’hypnose, il faut sa collaboration et cela commence par l’induction. Guidé par un hypnothérapeute, le patient va focaliser son attention sur un élément sensoriel. Grâce à cette focalisation dite phase d’induction, il va devenir plus accessible aux suggestions orientées du thérapeute.
Durant la 2ème phase dite de dissociation, il va pouvoir ressentir consciemment plusieurs expériences perceptives.

Cette activation particulière du réseau cérébral va favoriser le ressenti d’expériences alternatives que le patient pourra utiliser pour modifier ses perceptions et favoriser sa guérison. L’utilisation de suggestions et de métaphores au cours de l’état hypnotique hautement suggestible va orienter le patient vers l’amélioration de son ressenti. Celles-ci s’inspireront directement de la nature du patient : «observer, accompagner, utiliser, adapter, respecter » sont les clés de l’hypnose redéfinie par Milton Erickson , neuropsychiatre américain qui, grâce à la qualité de ses travaux de recherche clinique , fait encore école dans le monde des soignants.

Sous hypnose, on peut par exemple modifier le ressenti de la douleur : abaissement du seuil de tolérance, diminution de sa composante émotionnelle (Dr Faymonville).HYPNOSE-4

La motricité et la sensorialité peuvent également être modifiées car les aires cérébrales concernées sont mises en communication avec des zones impliquées dans la représentation et la mémoire de soi (Dr vuilleumier, Genève).

Ces données ont d’innombrables retombées thérapeutiques, notamment dans le traitement de la douleur aigüe ou chronique, ou les troubles anxieux, comme en atteste un récent rapport Inserm (Dr Guéguen, Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose, mai 2015.)

En pratique, cet outil est utile dans tout service de soins pour rassurer avant ou après un geste médical, réduire les durées d’hospitalisation et la consommation d’antalgiques ou de psychotropes, abaisser les complications post opératoires (Montgoméry, tumeurs du sein), améliorer la compliance aux explorations et aux médicaments, augmenter l’efficacité de l’équipe soignante par abaissement du stress … et diminuer ainsi les coûts de santé.

« Les médicaments les plus efficaces pour l’homme sont les mots » R. KiplingHYPNOSE-3

L’hypnose peut également se pratiquer seul après un enseignement mené par le thérapeute lors des 1éres séances. La pratique régulière de l’autohypnose par le patient améliore les scores de réussite.
L’hypnose conversationnelle peut être utilisée au cours d’un dialogue sans induction de transe en glissant des suggestions et des métaphores orientées sur l’estime de soi et la guérison.

Pour bien choisir un hypnothérapeute, mieux vaut se renseigner à la source, c’est-à-dire sur le lieu et la durée de sa formation, les grands centres de formation français ont souvent des listings de thérapeutes. En cas de questionnement, il est possible de se renseigner auprès de ces centres type AFEHM, AFHYP.

Dr Sophie BARBE
Gastroentérologue hypnothérapeute
Membre conseil OMNC