La phytothérapie

Etymologie
Le mot phytothérapie vient de l’association de deux mots grecs : Phyton, qui signifie
« végétal » et Therapeia, qui signifie « prendre soin de, soigner ».
La phytothérapie est le soin par les plantes.
Un peu d’histoire…
Cette discipline « médicale » est connue et utilisée, à travers le monde, depuis la nuit
des temps. On a découvert dans certaines grottes préhistoriques des graines et des
plantes dont l’aspect et la conservation supposent qu’elles furent utilisées à des fins
médicales par les hommes de Cro-Magnon. Dans l’Antiquité, de nombreux hommes
de sciences et de lettres, grecs ou romains, ont marqué l’histoire de la médecine par
les plantes. Hippocrate de Cos, Aristote, Dioscoride, Pline l’Ancien, Galien… les
préconisaient pour guérir de nombreux maux. À la même époque, les chinois
écrivaient les textes de leur très célèbre pharmacopée.
En Europe, au Moyen Âge, les plantes médicinales envahirent les monastères. Les
jardins des simples ou jardins médicinaux étaient l’apanage des hommes d’église.
Charlemagne créa le « Capitulaire de Villis », acte législatif, qui ordonnait la culture
d’une centaine de végétaux dans les jardins royaux. Hildegarde de Bingen,
bénédictine rhénane, marqua son époque grâce à ses écrits ; elle fut canonisée et
son accès au statut de Docteur de l’Église contribua à son rayonnement
international.
On peut également citer Paracelse, médecin suisse du XVI e siècle qui travailla sur la
« Théorie des signatures ». Rudolf Steiner, au XIX e siècle, disciple de Goethe et
penseur autrichien, fut le père de l’anthroposophie ; il défendait l’idée que
l'observation et l’interprétation étaient les deux piliers de toute connaissance.
Pendant longtemps, en France, la connaissance des plantes et leur commerce furent
le privilège des herboristes. Ce diplôme fut abrogé, en 1941, par le Maréchal Pétain
afin de développer l’industrie chimique et celle du médicament. Depuis, les plantes
médicinales sont la propriété du secteur pharmaceutique ; seuls les pharmaciens
sont habilités à vendre les plantes dites « médicinales ».
Qu’est-ce que la phytothérapie ?
La phytothérapie se définit par l’utilisation de plantes ou de parties de plantes à des
fins médicales. La partie utilisée est fondamentale, c’est elle qui contient les actifs,
les composés chimiques qui induisent des activités thérapeutiques. Elle peut être la
fleur, la feuille, la racine, l’écorce, le fruit, la graine… Comme pour tout médicament,
la forme pharmaceutique est importante. Elle peut être une infusion, une décoction,
un extrait hydroalcoolique, une gélule, un comprimé… et sera déterminée en fonction
de la nature hydrophile ou lipophile des molécules chimiques, des actifs que l’on veut
extraire.

Un mélange de 3 à 7 plantes permet d’agir sur la cause d’une pathologie, qu’elle soit
due à un désordre physiologique ou psychologique ainsi que sur ses symptômes.
C’est dans cette approche globale de la maladie que la phytothérapie excelle et qu’y
réside toute sa force. Les plantes peuvent rééquilibrer un « terrain », soigner des
pathologies, agir en complément d'un traitement médicamenteux lourd, soulager des
maux incommodants au quotidien…
Toutefois certaines d’entre elles peuvent interagir avec des médicaments comme le
millepertuis (Hypericum perforatum), posséder des effets secondaires comme la
ballote (Ballota nigra) ou être toxiques comme la digitale pourpre (Digitalis purpurea).
Il est important de bien les connaître avant de les utiliser.
La phytothérapie de nos jours
La phytothérapie est encore aujourd'hui la médecine la plus utilisée dans le monde.
Toutefois, en Occident, vers la fin du XIX e  siècle, elle connue un net déclin à cause
de la synthèse chimique de certains actifs tels que l’aspirine, les antibiotiques, la
cortisone… Depuis les années 1970, la population se tourne à nouveau vers le
naturel. Au vu de cet engouement, les pouvoirs publics se sont organisés.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Communauté européenne ont créé
des organismes tels que la Commission E et l’ESCOP, visant à recenser les usages
traditionnels des plantes, à les valider scientifiquement et à comprendre leurs
mécanismes d’action.
Pascale Gélis Imbert
Docteur en Pharmacie